L’epoca della vulnerabilità. Come la psicologia ha invaso le nostre vite

Au cours du siècle dernier, l’invasion de la psychologie dans la vie quotidienne a atteint des proportions vertigineuses : aux États-Unis, les psychologues sont deux fois plus nombreux que les dentistes et les pharmaciens, plus nombreux que les facteurs. L’affirmation de la culture thérapeutique qui conçoit l’homme comme un être fondamentalement pathologique, constitutivement fragile, culmine à l’ère numérique dans la figure de l' »Homo vulnerabilis », un individu perpétuellement en crise, qui a constamment besoin de soins et de thérapies pour faire face à une vie qui devient un « fardeau ». La personne en bonne santé n’est qu’une personne en attente d’évaluation. À l’ère de la vulnérabilité, le langage est imprégné des locutions typiques de la psychologie ; les termes « anxiété », « stress », « traumatisme » quittent le jargon clinique pour devenir des mots courants qui accompagnent la vie quotidienne de l’homme ordinaire. La sphère du pathologique s’élargit inexorablement : aujourd’hui, nous sommes tous vulnérables, et le web est la grande salle de consultation où la fragilité peut être exposée – et, en fin de compte, marchandisée. Mais ce fétichisme de la fragilité – cette surexposition de la vulnérabilité – cache plus de pièges que de promesses, et ne conduit à aucune amélioration des conditions de vie. Le malaise psychologique, par nature individuel et privé, se confond et se répand dans le conformisme et l’homologation avec lesquels il est aujourd’hui décrit : si nous sommes tous fragiles, tous potentiellement malades, alors personne ne l’est vraiment.