Il primo che passa

Pierpaolo a grandi dans un quartier populaire de la banlieue de Naples, mais il a eu la chance de naître en hauteur, au dernier étage d’un des immeubles construits par son père, et de cette position privilégiée, lui et ses parents dominent la jungle de toits, d’antennes et de terrasses illégales en contrebas. Il étudie la médecine pour faire plaisir à ses parents, il sort avec des filles pour ne pas décevoir ses amis, convaincu qu’en se pliant aux attentes des autres, il peut se défendre : il a vingt ans et vient de réaliser qu’il est gay.
Il est cinq heures du matin, il est dehors dans la voiture d’un ami qu’il aime bien, et l’un d’eux est peut-être sur le point de se dévoiler, lorsque l’intimité de l’intérieur est violée par les lumières bleues des voitures de police. Ils ne sont pas venus le chercher, comme il s’est surpris à le penser, mais quelques minutes plus tard, sortant de l’embrasure de la porte, escorté par les carabiniers, se trouve son père. M. Tammaro est respecté par tous les habitants du quartier, il est considéré comme celui qui a réussi, celui qui s’est émancipé du troupeau, presque une divinité, et Pierpaolo n’a jamais eu de doutes sur la nature de son activité. Pourquoi alors l’emmener menotté, en pleine nuit, comme un criminel ? Au cours des mois suivants, tandis que son père, condamné à l’assignation à résidence, vivra avec sa mère un temps de réclusion et de repli forcés, chez Pierpaolo prévaudra une pulsion opposée et paradoxale, d’ouverture à la ville, au sexe, à l’amour : c’est le début d’un parcours de plus en plus audacieux d’exploration de lui-même et de son propre désir. Et parmi les dizaines d’hommes qu’il va rencontrer dans les rues de Naples, des rencontres aussi excitantes que décevantes, se cache la révolution de son premier amour et, peut-être, l’espoir d’une vie différente de celle que les autres ont imaginée pour lui.