Democrazia e anarchia.
Il potere nella polis

La démocratie est inextricablement liée à l’anarchie. À l’heure des tournants autoritaires, où l’on prétend défendre la démocratie en la verrouillant, ce livre part de la pensée radicale pour étudier la premiers pas de la pólis grecque. L’histoire de la pólis est ainsi déconstruite par une relecture originale des sources : un récit passionnant qui met en lumière des séquences rebelles, des scénarios révolutionnaires. Prononcé avec un enthousiasme timide ou un dédain étonné, le mot demokratía, dont l’histoire sémantique et politique est ici retracée, désigne deux événements liés : l’entrée du peuple dans l’histoire et la révocation de tout pouvoir qui se prétendrait originel. Le spectre de l’anarchie trouble la cité. Les tragédiens la redoutent, les historiens l’enregistrent, les philosophes la dénoncent. L’arkhé des pères, des propriétaires, des héritiers est profondément ébranlée et privée de légitimité, tandis que s’inaugure l’espace du politique. Le « ni commander ni être commandé » est le sceau de la démocratie, l’étendard de la liberté anarchique. Les protagonistes de ce récit sont des femmes. C’est une révolte d’étrangères, fuyant la violence familiale, qui fait apparaître, dans un vers d’Eschyle, la capacité du peuple à s’affirmer. La démocratie naît de l’accueil. Et le dêmos ne peut jamais régresser à l’éthnos, fondé sur les liens du sang et du sol, ni étouffer les conflits et les divisions. Dans une confrontation étroite avec, entre autres, Hannah Arendt, Claude Lefort, Cornelius Castoriadis, Reiner Schürmann et Miguel Abensour, penseurs de la démocratie après la dérive totalitaire, Donatella Di Cesare met en lumière une refoulement séculaire et ouvre une perspective de recherche inédite sur le nouvel anarchisme.