Piero fa la Merica

Piero dei Gevori a quinze ans et vit à la lisière de la forêt de Montello, l’ancienne réserve de bois de la Sérénissime. Dans leur famille, ils sont nombreux et très pauvres, ils ont une maison qui tient à peine debout, ils mangent peu et ne possèdent rien. Comme si cela ne suffisait pas, la malchance s’abat sur eux. Depuis longtemps, dans le village, on dit qu’en Amérique, on donne la terre à ceux qui veulent travailler. Après une nouvelle injustice, pour les Gevori, partir à la recherche de la fortune n’est plus un choix, mais le seul salut. Pourtant, lorsqu’ils arrivent au Brésil avec la marée d’Italiens fuyant la misère, ils ne trouvent pas le paradis promis. Là, au milieu de nulle part, ils doivent se faire une place, couper des arbres pour tout construire à partir de zéro : ils devront arracher la terre au mato, au milieu des menaces inconnues de la forêt vierge, loin de tout et de tous, sans aucune chance de retrouver la vie qu’ils ont laissée derrière eux. Piero aide son père et sa sœur à gérer la caisse, élève des maisons, sème du maïs et des haricots : il arrive la nuit avec des os cassés, mais entre-temps il grandit. En grandissant, il apprend deux choses : qu’il suffit d’une morsure de serpent pour mourir et que le premier amour est plus dangereux que toutes les bêtes féroces réunies. De plus, dans l’enchevêtrement du mato, il découvrira ce que personne n’avait révélé aux migrants. Leur terre appartient à d’autres, les indigènes qui ont toujours habité ces collines. Dans son nouveau roman, Paolo Malaguti fait revivre une page oubliée de la migration italienne. Avec la fluidité narrative que nous connaissons bien et une langue aux couleurs de la Vénétie, de l’italien et du portugais, il nous projette dans un monde lointain et aventureux, fait de labeur et de plantes exotiques, de fièvre de l’or et de traditions à préserver à l’autre bout de l’océan.