Livres
13 février 2024

Il dio disarmato

par Pomella Andrea
Il dio disarmato

« On entend d’abord un crissement de pneus sur l’asphalte, un choc dans l’air, le bruit d’un klaxon de voiture et, immédiatement après, ce qui ressemble au concert d’un marteau-piqueur. L’étudiant lève les yeux de son journal et se tourne vers la direction d’où vient le bruit. Ce qui s’est passé le 16 mars 1978 à 9 h 02 est toujours d’actualité ».

L’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades rouges et le massacre des cinq agents d’escorte est l’événement qui a généré la plus grave fracture émotionnelle, politique et sociale de l’histoire républicaine. L’attentat a duré trois minutes. Trois minutes qui, plus de quarante ans après, continuent à faire l’objet de recherches, de reconstructions et de spéculations. Mais ceci, il faut le dire, n’est pas un essai : nous sommes ici sur le terrain de la littérature. Et tout écrivain, comme nous le savons, manipule le temps, il peut condenser dix ans en une phrase ou diluer quelques secondes et les faire durer aussi longtemps qu’il le souhaite, si dans ces secondes il y a une vérité sur laquelle le regard continue de se poser. D’une certaine manière, la méthode est celle du réalisme traumatique, celle-là même qu’Andy Warhol utilisait dans ses images sérielles : mettre en scène et répliquer pour toucher la vérité. Non pas la vérité historique, mais celle, plus insaisissable, de la perception individuelle et collective. Ici donc alternent dans la narration les témoins oculaires, les brigadiers, les politiques, les hommes d’escorte, voire des personnages historiques ayant vécu des siècles plus tôt. Et l’action, les tirs, la fuite, le dispositif qui se déclenche et se reproduit à l’infini, perpétuellement identique à lui-même, mais observé chaque fois d’un point de vue différent. Aux faits publics se mêle le récit privé des huit dernières heures de la vie d’Aldo Moro avant l’enlèvement. Il dio disarmato est un roman sans adjectifs : historique, politique, philosophique, lyrique, documentaire, aucun terme ne peut vraiment le définir. C’est un livre qui étudie en profondeur les choix individuels et les desseins du destin, le territoire et l’espace urbain, la substance du temps, le murmure secret de la vie d’un des hommes les plus importants de l’histoire de l’Italie, qui, une fois rentré chez lui, s’est débarrassé de l’adjectif « politique » pour essayer d’être simplement un homme.

 

  • Maison d’édition Einaudi
  • Année de publication 2022
  • Nombre de pages 248
  • ISBN 9788806251048
  • Droits étrangers Valeria Zito - valeria.zito@einaudi.it
  • Prix 19.50

Pomella Andrea

Andrea Pomella est né à Rome en 1973. Il a publié chez Einaudi L’uomo che trema (2018, Premio Napoli 2019 et Premio Wondy 2020), I colpevoli (2020) et Il dio disarmato (2022). Il a également écrit Il soldato bianco (Aracne 2008), 10 modi per imparare a essere poveri ma felici (Laurana 2012), La misura del danno (Fernandel 2013) et Anni luce (Add 2018). Il écrit sur Doppiozero et minima&moralia et enseigne l’écriture autobiographique à la Scuola del Libro à Rome.

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